Se lancer dans la création de jeux vidéos : bien commencer
Se lancer dans la création d'un jeu vidéo n'est pas chose facile, quelque soit l'ampleur du projet. En effet, nombreux projets échouent et explosent en vol, et, pourtant, leurs créateurs ne sont pas forcément dénoués de talents.
Ces quelques articles vont vous aider à éviter les erreurs classiques lorsque l'on se lance dans la création d'un jeu. Il ne s'agit pas d'une méthode complète et totale, mais d'un ensemble de conseils pour que vous puissiez rester comme vous êtes, continuer vos projets, tout en étant plus vigilant sur quelques erreurs classiques et pourtant souvent fatales pour nos projets.
I. Avant le clavier, le papier !
Commencer par retenir une chose : on débute toujours un jeu sur papier, l'ordinateur, si ce n'est pour faire des recherches, ne vous sera d'aucune aide au début !
La plupart du temps, la première étape sera donc de choisir un clavier, ou éventuellement un bloc note (je vous conseille tout de même le cahier, permettant de garder le fil des choses), que vous consacrerez à votre jeu. Dans ce cahier, vous allez pouvoir définir progressivement l'univers de votre jeu, d'abord d'une façon globale, puis de manière de plus en plus précise.
a) Le GameDesign, comme une étude de documents !
Si vous vous souvenez encore de vos cours de Français, ou éventuellement de philosophie, vous vous rappèlerez alors probablement de ce fameux professeur qui insistait sur la façon de composer une introduction : on réalise un zoom progressif. On parle du siècle, puis des auteurs de ce siècle, d'un auteur précisément, de ses oeuvres, d'une oeuvre particulière, et enfin de l'extrait qu'il faut aborder.
Pour le GameDesign, procéder de la même façon est une bonne méthode (mise à part pour la forme, une liste d'items sera probablement plus pratique pour le début). Vous pouvez donc commencer par poser les bases, le plus logique : le nom du jeu, l'époque (passé, présent, futur), la catégorie de gameplay, etc.
Par la suite, vous pouvez reprendre cette liste d'items pour “zoomer” sur chaque point, petit à petit. Dans votre cahier, vous allez ainsi pouvoir décrire l'ensemble de l'univers de votre jeu progressivement.
b) L'univers et l'histoire du jeu.
Vous allez ainsi, au fil des pages du cahier, définir petit à petit un univers de plus en plus précis. Cette étape est primordiale ! En effet, il est nécessaire, avant de commencer quoi-que ce soit, de connaître parfaitement l'univers de votre futur jeu. Cela vous permettra de gagner énormément de temps, mais surtout cela vous évitera d'avoir des incohérences, et vous remarquerez que ceux qui passent beaucoup de temps à jouer (et donc, qui représentent une part non négligeable du public de votre futur jeu), accordent énormément d'importance aux détails. Pour qu'un monde soit cohérent, il faut absolument qu'il ait été imaginé en profondeur, même si tous les détails du GameDesign ne transparaissent pas directement dans le gameplay, croyez moi, cela se fera toujours sentir.
Pour résumer, voici une liste (non exhaustive) des points essentiels que votre cahier devra contenir :
- - Le nom de votre jeu.
- - Les plateformes visées, le public visé.
- - Une idée du gameplay.
- - Des descriptions de l'univers de votre jeu.
- - Un récit du jeu.
- - L'histoire de vos/votre personnage(s), où des éventuelles classes de votre jeu.
- - Un maximum d'idées sur l'ambiance du jeu, c'est à dire comment vous allez pouvoir transcrire l'univers à votre joueur.
c) Une approche progressive du technique.
Une fois la première étape de GameDesign (notez que le mot “gamedesign” désigne une activité particulière dans le développement d'un jeu, et non l'étape ci-dessus. Les gamedesigners ont bien d'autres taches au cours du développement), votre cahier devrais avoir un certain nombre de pages (bien sur, cela dépend de l'ampleur de votre projet, de la complexité de l'univers que vous développez, et de biens d'autres facteurs encore), vous devriez avoir quelque chose qui vous permet de vous représenter un univers, qui n'est pas, pour l'instant, ancré dans l'esprit d'un jeu vidéo (globalement, à cette étape, votre cahier devrais pouvoir servir autant à la création d'une bande-dessinée, d'un roman, ou bien d'autres choses encore).
La seconde étape va donc être de réfléchir sur comment transcrire votre univers dans le jeu vidéo. En effet, la création de jeux est un art* qui se joue dans de nombreux domaines. Votre rôle n'est donc pas seulement de créer un univers, mais aussi, et surtout, de savoir plonger le jouer dans cet univers, et pour cela, de nombreux moyens vont vous y aider.
(*les jeux vidéos ne sont pas, me semble-t-il, reconnus comme une format d'art, malheureusement. Certains se battent pour que ce soit le cas, et c'est à mon avis justifié, je me permet donc de faire l'erreur ici.)
1 : La musique
Certains vont trouver le choix de placer la musique en premier étrange, pourtant, la musique, bien qu'on y prête pas forcément attention pendant que nous jouons, influe fortement la façon donc nous allons juger ce que nous faisons. La musique de votre jeu est un élément parfois difficile à gérer, parce qu'elle doit à la fois refléter votre univers et être cohérente avec ce qu'il se passe dans le jeu. La musique permettra au joueur de s'immerger dans votre univers, mais permettra également beaucoup d'autres choses, notamment aider le joueur à se repérer dans le jeu, et lui permettre d'avoir la sensation de ressentir - et non interpréter - ce qu'il se passe. Nous aborderons la musique en détail dans prochain article.
2 : Le gameplay
Le gameplay est évidemment crucial. Il doit correspondre à votre style de jeu (plutôt stratégique ou plutôt technique), et jouera sur deux niveaux à la fois : il influencera consciemment le joueur (le gameplay doit être à la fois intéressant et agréable), mais modifiera également la perception de l'univers, ce qui vous permettra de fixer l'attention du joueur sur des éléments précis. Votre cahier, permettant aussi bien d'écrire que de dessiner, où faire des schémas, pourra vous aider à définir précisément le gameplay, et les diverses interfaces de votre jeu.
Notez que vous n'avez pas besoin de faire une œuvre d'art. Vos schémas et dessins doivent être clairs et compréhensibles, nulle besoin de techniques de dessin complexes !
3 : Les graphismes
Les graphismes d'un jeu représentent aujourd'hui un élément les plus jugés dans un jeu vidéo. Il n'est pas rare que les critiques encensent les jeux estimés être les plus beaux. Méfiez vous tout de même de ce point : s'il attire au début, ce n'est pas ce qui fidélisera vos joueurs, encore moins ce qui fera de votre jeu un bon jeu. Bien sûr, les graphismes sont importants, mais leur accorder trop d'importance peut vous amenez à négliger le reste, et ainsi à sortir un jeu beau, mais pas convaincant pour autant. Dans votre cahier, les dessins vous auront déjà probablement bien aidé à définir votre univers, qu'il s'agisse du monde, des décors, des personnages, éventuels véhicules où armes, etc
Pensez également à définir un style de dessin, savoir si vous voulez vous orienter vers un rendu réaliste, faire du pixel art, des dessins en cell-shading, en résumé, des centaines de styles sont possibles. Le style graphique doit représenter l'univers de votre jeu, et permettra également de lui donner une identité bien particulière.
4 : L'histoire
C'est un autre élément parfois peu entretenu dans certains jeux : l'histoire. En effet, un jeu c'est avant tout un monde et une histoire unique, au point que certains jeux soient d'ailleurs adaptés en films. Si les graphismes et le gameplay de votre jeu pourront vous aider à attirer les joueurs, l'histoire et les détails constituent ce qui vous aidera à garder ces joueurs. Pensez donc au fait, que votre jeu soit progressif ou non, que l'histoire joue un rôle crucial, permettra d'assurer la cohérence et le maintient de votre oeuvre. L'histoire peut être transmise de diverses manières. Dans le cas d'un RPG, ou d'un jeu quelconque avec des quêtes, vous n'aurez pas de mal à la transmettre, mais dans d'autres cas, pensez à rappelez de temps en temps la raison d'être du monde, sa logique. Par exemple, certains endroits du jeu, le noms de certains personnages où lieux, ou tout un tas d'autres détails vous aiderons à communiquer, de façon discrète mais bien réelle, avec le joueur.
5 : Les animations
Viennent ensuite les animations. Qu'il s'agisse de scènes d'introduction ou de fin, ou des divers effets en jeu, les animations, bien maîtrisées, vous permettrons de donner un côté “bien finis” à votre création. C'est également ce qui distingue bien souvent les jeux professionnels des jeux amateurs. Ne faites donc pas l'erreur de négliger celles-ci.
6 : Une foule d'autres détails
Comme je l'ai de nombreuses fois déjà répété, un jeu, c'est avant tout un univers, qui doit être unique et complet. Votre cahier, et toutes vos notes, vous aiderons à développer une mine de détails. Bien sur, beaucoup ne remarquerons rien, mais certains y porteront attention, et chercherons ainsi “ce qu'ils auraient pu louper”. Cela permettra également d'alimenter les conversations entre joueur sur le sujet, de créer une “bulle” autour de votre jeu.
Un très bon exemple est le jeu “Dofus”, d'Ankama. Je n'y ai, pour dire, quasiment jamais joué, mais j'ai pu remarquer (par exemple, en allant sur le site officiel), les nombreux clins d'oeil dans les noms des classes par exemple (Si vous n'y avez jamais prêté attention, lisez les noms des classes à l'envers/ou en inversant les syllabes, et comparez les avec les descriptions de celles ci. Par exemple, Eniripsa, la classe de “soigneurs”). Ces genre de choses ne sont pas complexes à mettre en place (je ne parle pas nécessairement de jeux de mots, mais de n'importe quel détail subtile d'un jeu), mais donneront une dimension supplémentaire à votre univers, une touche unique et originale, qui augmentera la qualité générale du jeu.
II. Les premières étapes
Une fois que vous aurez abordé tous ces points, et d'autres encore, votre cahier définira clairement l'univers et le concept de votre jeu. Vous allez ainsi pouvoir diffuser son contenu aux diverses personnes de votre équipe pour commencer la création de votre jeu (je parle de plusieurs personnes, mais, bien entendu, une seul personne peut occuper plusieurs rôles dans certains cas). Nous verrons dans le prochain article comment se lancer à partir de votre fameux cahier.
III. Quelques conseils
Pour finir (en beauté ?), je vais vous donner quelques premiers conseils, qui porterons, pour l'instant, sur les étapes abordées dans cette page uniquement.
Pour commencez, pensez à bien privilégier le support papier. En effet, même si vous êtes un maniaque du clavier, vous verrez que ce bon vieux support vous aidera à exprimer plus librement et plus facilement votre créativité. Les raisons à cela sont nombreuses, entre autres le fait qu'il soit souvent plus “naturel” à utiliser, mais aussi la possibilité de dessiner et ajouter de nombreux schémas à votre texte, ou encore le côté “semi-brouillon”, qui vous aide à écrire sans se concentrer sur la forme, et ainsi laisser l'imagination parler bien plus clairement.
Ensuite, pensez au fait que l'originalité est primordiale. Votre jeu doit avoir son identité et ne surtout pas copier un travail déjà existant. Bien sur, vous pouvez vous inspirer du gameplay, d'éléments de décors, ou d'autres détails d'autres jeux, mais l'univers, lui, doit être unique, complet et cohérent !
Pensez également à prendre le temps de réaliser ce travail. Ne pensez surtout pas que c'est une perte de temps, au contraire, vous vous rendez très vite compte, une fois un premier projet terminé, que le cahier vous à permis d'éviter un grand nombre d'erreurs, notamment au niveau de la cohérence. Ce cahier vous permettra d'éviter de devoir “retourner en arrière”, car tout aura déjà été pensé, et c'est l'étape la plus importante !
Enfin, plongez vous dans votre univers ! Pendant l'élaboration du monde de votre jeu, pensez y régulièrement, dès que vous avez un peu de temps pour penser. Que vous soyez allongé entrain d'écouter de la musique ou que vous preniez un long trajet de train, imaginer ce qui peut bien se passer dans ce fameux monde vous permettra d'avoir toute l'inspiration nécessaire pour le compléter à l'infini !
IV. Conclusion
Je vous ai ainsi exprimé la méthode, qui, selon moi, vous permettra de bien débuter un jeu vidéo. Il reste encore deux articles sur le domaine, qui s'intéresserons à la suite (une fois le cahier bien entamé). Si vous vous lancez dans cette merveilleuse aventure, ou que souhaitez le faire, ou encore si vous avez des retours d'expérience dans le domaine, n'hésitez surtout pas à venir en discuter sur le forum de Médiabox (lien vers le sujet en bas de page). Merci d'avoir lu cet article, et bon courage !
